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Invitation à la sociologie (du sport) : le blog de Ludovic Lestrelin
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7 octobre 2009

Rio Bravo...

546x273_1200814_0_6b28_ill_1250137_rioo Photo parue dans Le Monde - AFP/VANDERLEI ALMEIDA

C'est donc Rio de Janeiro qui recevra du 5 au 21 août 2016 les Jeux olympiques d'été. Outre le fait que l'Olympisme prend place pour la première fois en Amérique du Sud, cette attribution est l'occasion de poser le regard sur le mouvement olympique, ses dimensions politiques et économiques...

De nombreux articles ont été publiés dans la presse. Voici ceux que j'ai retenus :

27000100279310L- une tribune parue dans Le Monde signée par Jacques Rogge, actuel président du Comité international olympique, mettant (sans surprise) l'accent sur les (supposées) valeurs de l'olympisme et du sport. J'ai écrit avec Loïc Sallé, il y a quelques années, un chapitre d'ouvrage consacré à cette question. Vous pourrez le lire ici : l_sall_le_sport_et_ses_valeurs
- un entretien avec Pascal Boniface, directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques pour L'Humanité.
- surtout, un entretien pour Libération avec Patrick Clastres, historien et chercheur au Centre d'histoire de Sciences-Po, qui doit être mis en perspective avec un entretien plus ancien, toujours avec ce même chercheur, paru en juin 2008 soit dans les semaines précédant les JO de Pékin : _Le_CIO_conna_t_aujourd_hui

On rappellera quelques éléments sur "le mouvement olympique". Celui-ci comprend trois composantes principales, le CIO, organe directeur et autorité suprême, les Comités nationaux olympiques (CNO) qui représentent le CIO sur leur territoire respectif et, enfin, les fédérations sportives internationales, qui ont chacune la charge, au niveau international, de l'organisation et du développement de leur discipline.
9782110044822Attardons-nous sur le CIO... Le CIO est une véritable "diplomatie parallèle", pour reprendre le titre d'un chapitre rédigé par Dominique Maliesky (maître de conférences à l'IEP de Rennes) dans l'ouvrage Sport et ordre public dirigé par Jean-Charles Basson (2001, La Documentation française-IHESI). Le CIO est pensé dès ses origines comme une "internationale du sport" : le sport doit être universel et mis au-dessus de tous les autres enjeux (nations, conflits, etc.). Le souci d'indépendance et d'autonomie par rapport aux Etats se retrouve dans le recrutement des dirigeants du CIO : ils sont les représentants de l'Olympisme dans leur pays et non l'inverse (Jean-Claude Killy et Guy Drut ne sont pas les représentants de la France auprès du CIO !). Le CIO est maître du jeu à trois niveaux. Ces trois monopoles sont : 1. La reconnaissance des CNO 2. L'exclusion des CNO 3. Le choix des villes olympiques.

Qu'en est-il du dernier point ? Les villes candidates à l'organisation des JO remplissent un dossier avec un cahier des charges extrêmement précis. La procédure est longue et complexe. Une commission d'évaluation d'une quinzaine de membres consulte les dossiers, visite les sites, rédige des rapports qui aboutissent à une première sélection de villes "finalistes" qui se voient une nouvelle fois visitées. Puis vient le temps de la désignation officielle, ce que l'on a donc vécu il y a quelques jours. Dans l'idéal olympique, les villes doivent accueillir la "famille olympique" : plus que la promotion d'un pays, les Jeux sont avant tout la promotion de l'Olympisme. La réalité est évidemment toute différente : c'est bel et bien un Etat qui est honoré (Obama, Lula et d'autres chefs d'Etat ou de gouvernement avaient fait le déplacement à Copenhague).

Quel constat peut-on donc faire ? Celui de l'ambiguïté et de l'ambivalence ! Toute la politique du CIO, au moins pendant une grande partie du XXe siècle, a été d'affirmer son autonomie et son indépendance face aux enjeux politiques. Selon Coubertin, Baillet-Latour et les hauts dirigeants du CIO, l'Olympisme est apolitique. La politique n'est pas du ressort du CIO, en aucune façon... "L'Olympisme doit s'épanouir librement"... Ce discours est totalement artificiel et a conduit à des aberrations que tout le monde connaît (Berlin en 36 parmi d'autres). Instrumentalisé à des fins politiques et stratégiques, l'Olympisme sert aussi aujourd'hui des intérêts économiques. Nul ne peut le nier sinon à adopter une posture absurde : celle de l'aveuglement.

Pour compléter ce petit aperçu, je conseille fortement la lecture de deux articles de Jacques Defrance, sociologue, professeurs des universités à Paris X (et directeur de ma thèse).
Le premier est paru dans la revue Politix en 2000 et est judicieusement intitulé : la politique de l'apolitisme. Sur l'autonomisation du champ sportif.
Le second est paru dans la revue Sociologie et sociétés en 1995 et est intitulé : L'autonomisation du champ sportif. 1890-1970.

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